1.11.05

Ces fauves qui nous oppressent

Ma lecture du moment, un livre pas fatigant : « Mes fauves », de Jean-Marie Rouart (chez Grasset). Ce livre est une galerie de portraits d'hommes politiques que l'auteur a rencontrés au cours de ces dernières décennies, en fait c’est une compilation d’articles qu’il a publiés à droite et à gauche, dont certains sont assez anciens.

A sa lecture, force est de reconnaître qu'on voit de moins en moins ce qui sépare réellement Sarkozy, Villepin, Bayrou (« Ravaillac de la majorité »), Hollande (« on peut se passer du pouvoir, on ne peut pas se passer de chocolat ! » dit-il), le « bon M. Raffarin, toujours prêt à ouvrir les caisses de l’Etat aux mécontents devant la moindre mauvaise humeur et le premier calicot dressé », et qui « dorlote amoureusement tous les sujets de démagogie en vogue », Jean-Louis Debré (spécialité : avaleur de couleuvres - servies par Chirac-, « je ne suis pas un libéral à tous crins » dit-il - on l’avait remarqué), Douste-Blazy (« mercurochrome universel ») ou Jack Lang (« je me sens gaullo-mitterrandien »). Tous prétendent vouloir « servir la France », mais comme tous brillent par la nullité de leurs idées et leur souhait de perpétuer l’Etat-providence et le statu-quo social-démocrate, j’en déduis qu’ils veulent surtout se servir eux-mêmes.

Notons quand même Alain Krivine qui, entre deux sottises anticapitalistes, parle de Bruxelles, où il siège comme député européen, et qui nous fait à ce sujet une crise de lucidité : « Je suis maintenant au coeur de la bête. C’est une bulle en dehors du monde réel. Un gaspillage fantastique, une caricature de démocratie. Tout est fait pour que les gens n’y comprennent rien. »

On se distrait un peu plus avec les vieux dinosaures, Mitterrand (« le socialisme est pour moi une ambition beaucoup plus haute qu’une convoitise de carrière », ça oui, on l'a senti passer), Marie-France Garaud (« quoi de plus naturel qu’elle prenne du plaisir à tuer » dit Rouart d'elle), Giscard (« je suis de culture libérale », affirme celui qui a généralisé la Sécurité sociale à tous les Français et imposé le collège unique - collège inique).

Le Comte de Paris, un aristocrate aux idées pas très arrêtées, mais qui ne craint pas de manier le paradoxe : « Il faudrait peut-être faire une révolution... Oui, contre les nouveaux privilèges, les castes de banquiers, de grands industriels, les syndicats, l’Education nationale, éliminer certains privilèges fiscaux... »

Serge Dassault, l'entrepreneur héritier de la dynastie, qui est, on le sait moins, maire de Corbeil-Essonnes (l’anti-Neuilly, dit-il), qui a sûrement ses défauts mais qui ne mâche pas ses mots. « On bourre le crâne des parents en disant qu’il faut que les enfants aient des diplômes. Mais il y a des enfants qui n’ont aucune envie d’avoir un diplôme. Et un diplôme, c’est moins important qu’un emploi. Alors qu’on manque de boulangers, de charcutiers et d’artisans dans tous les domaines. Il faut arrêter de croire que tout le monde est pareil. Je crois que ce qui tue la République, c’est l’égalitarisme. L’inégalité, c’est la nature, c’est la vie. »

Moi qui suis vaccinée contre la politique (vaccin non remboursé par la Sécu), qui est la continuation du Vol par d'autres moyens, j'attends le jour où tous ces fauves rentreront dans leur cage et nous laisseront tranquilles. Je suis même prête à me cotiser pour fournir la cage où on les enfermera tous (pas de risque qu'ils s'entredévorent, ils s'entendent comme larrons en foire pour vivre à nos dépens).
 

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